Ralf NICOLL
Lambert JAMERS
Mitch SILVERSTEIN.
                                                                

Belgique    1885 - 1964

 

          Il y a quelque chose de particulier dans les fêtes foraines que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.  Qui n’a en mémoire l’un ou l’autre souvenir de cette fête  populaire ? Combien d’idylles et, certaines pour la vie, sont nées ou se sont nouées à l’occasion de ces fêtes ?  

          Tout au long de ma jeunesse, j’ai été bercé par le carrousel galopant de Jacques Bairolle de Bressoux. A la fête de Dolhain–Limbourg, il était installé sur une petite place, face à la grand-place, ou se trouvaient les autres attractions. Superbe, il était incontestablement le plus beau métier de la kermesse. Il attirait toute l’attention.  Je me souviens du regard émerveillé des touristes de passage. Rare étaient ceux qui ne s’arrêtaient pas pour venir admirer ce magnifique ouvrage.



Roulottes, chars de matériel, chevaux de bois tiré par une locomobile à vapeur.
Celle longue caravane constituait à elle seule tout un spectacle.

Au début des années 1900, il fallait trois jours à cette caravane pour rejoindre Bastogne.
 A gauche sur la photo : le propriétaire, Léon Bolland et ses fils, Richard et Raymond.

Photo : Lambert Jamers.


       Haut de 7.62 mètres, le carrousel a un diamètre de 12.20 mètres, ornés de miroirs biseautés et de couleurs chatoyantes, il compte 24 chevaux et 4 gondoles. L’orgue du carrousel est du type ‘’ mécaniques pneumatiques‘’ issu des ateliers de Charles Marenghi de Paris. Garni par de nombreuses ampoules électriques (rare à l’époque) ce carrousel, vraiment très beau, témoigne, déjà, de la haute technologie et du talent des artisans de l’époque.           

La date de la fête à Dolhain–Limbourg occupant exactement le milieu de l’année, nous étions au début des vacances scolaires et ainsi nombreux à assister au montage du carrousel. 

          Après avoir installé la partie centrale du carrousel, les ouvriers montaient la charpente. Les divers éléments utiles à cet effet passaient d’un ouvrier à l’autre pour être, finalement, fixé par un des ouvriers perché sur une échelle et qui faisait tourner l’ensemble au fur et à mesure que les éléments étaient placés. Ensuite c’était la pose et mise à niveau des blocs de bois qui supportaient les rails. Ces dernières placées, les ouvriers amenaient les nombreux chariots contenant les chevaux de bois et gondoles pour les poser et les fixer l’un à l’autre sur les rails. Les différents panneaux et corniches de décoration étaient soigneusement nettoyées et posées. Le placement des nombreuses ampoules électriques terminait le travail. 

          C’est ce système de rotation sur rails qui fait la spécificité du galopant, car  on ne connaît que deux carrousels de ce type en Belgique. Traditionnellement, les galopants sont actionnés au moyen d’un système vilebrequin  installé dans la charpente du manège (type ascenseur) Les mouvements des chevaux et autres gondoles s’effectuent de bas en haut. Pour notre carrousel, ce même mouvement s’effectue par le bas, les chevaux oscillants d’avant en arrière et les gondoles d’avant en arrière mais aussi de droite à gauche. 

            Le carrousel disparaît, à Dolhain-Limbourg, en juillet 1963 et en même temps l’âme de la fête. Pour moi, cette fête ne sera jamais plus la même.
 


Un ouvrier monte la charpente du galopant.
Photo : Ralf Nicoll.

 


Montage d’un chariot contenant les chevaux de bois.
Photo : Ralf Nicoll.


Le galopant au début des années 1900.
Photo:Lambert Jamers.


Le galopant au début des années 1900.
Photo:Ralf Nicoll.



Le galopant en 1922 à Flèron ( Belgium)
Photo: Lambert Jamers.


Le galopant au Longdoz, un quartier dans la ville de Liège.
Photo : Ralf Nicoll.


Sur la foire à Liège fin des années 1920. On remarque à droite la locomobile à vapeur
qui actionnait une dynamo servant uniquement à l’éclairage du carrousel.
Le galopant appartenait toujours à cette époque à Léon Bolland.

Photo : Lambert Jamers
 


A Dolhain – Limbourg. Au centre Jacques Bairolle et son épouse Mélanie Saroléa.
Le couple aura deux enfants, Joseph décédé récemment et Marie qui est toujours en vie.
C’est en 1932 que Jacques et Mélanie Bairolle rachète le galopant à Léon Bolland.

Photo : Lambert Jamers.


A Dolhain – Limbourg.  Madame Bairolle se trouve à la 4ième place en partant de la gauche.
Photo : Office du tourisme Limbourg.

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A la foire de Marche-en-Famenne vers 1958 - 1959.
Photo : Lambert Jamers.
 

L’annonce de la vente du carrousel pourtant, maintes fois démenties, fit grand bruit. Certains déploraient que la ville de Liège ne fasse aucun effort pour garder ce « métier » remarquable. D’autres pensaient au Musée de la Vie Wallonne ou ils estimaient que le carrousel devait y finir ses jours. Hélas, le Musée n’avait pas les moyens de se permettre une telle acquisition aussi, se contenta t-il de lui consacrer un film complet qui restera dans les collections du Musée.  

Pourtant, Jacques Bairolle a espéré longtemps que le galopant reste en Belgique et c’est à contrecoeur qu’il l’a vendu aux Américains. Il ajoutera : « il va aller tourner quelques mois puis il va y mourir » Mais, les Américains le voulaient à tout prix, le dernier en Belgique – entendez «  des galopants sur rails » - et le plus beau carrousel d’Europe. 

Après la foire d’octobre, à Liège en 1963, les Bairolle travaillèrent à remettre le carrousel en ordre...

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**Le Carrousel Galopant de J. Bairolle Marchandises À Carousel Park Shops**